Plus homologué pour donner lieu à de véritables épreuves sportives, l’autodrome de Linas-Montlhéry, construit en 1924, n’a pas rendu les armes. Les installations qui semblent figées depuis la fin des années 1960 avec sa tour de contrôle décatie et ses anciens stands ainsi que le circuit qui commence à dater, surtout les dalles en mauvais état de l’anneau de vitesse, servent désormais de décor plusieurs fois par an à des manifestations et des démonstrations de voitures anciennes et de collection. L’une des plus courues se déroule ce week-end (23 au 25 septembre). Nées de l’enthousiasme de Franz Hummel, les Grandes Heures Automobiles sont une immersion au cœur de la passion automobile et motocycliste. Ce week-end, un plateau hétéroclite de plusieurs centaines de véhicules a pris ses quartiers sur le plateau de Saint-Eutrope. Il balaie plus de cent ans d’innovations et de progrès techniques.
Voisin, guest-star à Montlhéry
Cette année, la manifestation célèbre notamment les automobiles Avions Voisin. Après avoir fait partie des pionniers de l’aviation avec son frère Charles, Gabriel Voisin as’était tourné vers l’automobile, donnant naissance à une lignée de véhicules qui ont marqué l’histoire par leur conception inspirée de l’aviation, leur avance technologique et leurs dispositions sportives. Ce week-end à Montlhéry, le public pourra (re)découvrir quatre modèles parmi les plus mythiques. Outre la reconstruction de la voitures des records de 192 7 réalisée par le passionné Philipp Moch, le circuit verra se produire la C1 Laboratoire, la C3 du GP de Strasbourg et la C6 Laboratoire. Ces deux dernières proviennent de la collection de Peter Mullin. L’Américain est réputé pour posséder l’une des plus belles, si ce n’est, la plus belle collection de voitures françaises de la première partie du XXe siècle. La C3 a gagné le grand prix de Strasbourg en 1922 en catégorie Tourisme, interprétant le règlement de l’Automobile Club de France qui imposait une largeur minimal de 1,30 m au niveau des sièges avant en ajoutant deux bossages sur la carrosserie. La C6 Laboratoire est une reproduction des quatre exemplaires construits pour le Grand Prix de Tours de 1923 et aujourd’hui disparus. La bagarre entre les Voisin et les Bugatti Tank fit rage mais à la fin, ce fut une Sunbeam qui remporta l’épreuve.
Les reines du Groupe B
Autre pan de l’histoire à l’honneur sur l’anneau francilien: les Groupe B, les reines du rallye au début des années 1980. Un plateau permettra de voir évoluer sur le circuit ces montres de puissance qui ont connu leur apogée en 1986. Avant la suppression des Groupe B, à la suite de l’accident mortel de Henri Toivonen au volant d’une Lancia Delta S4, jamais les rallyes du championnat du monde n’avait donné lieu à tel affrontement de constructeurs: Audi, Citroën, Ford, Lancia, Peugeot, Renault, Rover, Toyota ont cherché à inscrire leur nom en lettres d’or. Trente ans après, elles n’ont rien perdu de leur pouvoir d’attraction comme les spectateurs des Grandes Heures Automobiles pourront le constater. Fascinantes, ces machines à quatre roues motrices donneront lieu à une rétrospective lors du prochain Rétromobile qui se déroulera du 8 au 12 février prochain, à Paris (Porte de Versailles).
Au hasard des allées de Montlhéry, les spectateurs retrouveront des visages familiers et des champions qui ont écrit quelques-unes des plus belles pages du sport automobile. Henri Pescarolo, Jean Ragnotti, Jean-Claude Andruet, Bruno Saby, Jean-Pierre Nicolas, Jean-Pierre Jaussaud, Jacques Laffitte, Jean Vinatier, Françoise Conconi sont notamment attendus. A noter que les démonstrations se poursuivent jusqu’à 22 heures samedi soir.
