La famille Mimran, propriétaire de la marque Lamborghini au cours des années 1980, n’aurait pas désavoué l’Huracan Sterrato. À l’époque, ces Français se désespéraient de ne pouvoir emprunter, au volant de leur Countach, le chemin de terre les menant à leur repaire estival de Saint-Tropez niché au milieu des vignes.
La Sterrato, c’est l’histoire d’une récréation d’ingénieurs et d’essayeurs qui termine dans la rue. Au début, la direction technique de Lamborghini trouve qu’il serait amusant de développer une supersportive capable d’endurer des pistes en terre et des routes enneigées.
Le projet stimule toute l’entreprise ; les premiers essais sont concluants. Voilà comment le catalogue s’enrichit de cette Huracan rehaussée de 44 mm par rapport au modèle Evo et affublée de protections de bas de caisse et passages de roue. Deux longues portées additionnelles sur le capot avant (+ 2 000 €) et le boîtier d’admission d’air du V10 posé sur le capot arrière et obstruant la visibilité, des voies élargies de 30 mm à l’avant et de 34 mm à l’arrière, finissent de distinguer cette version du reste de la gamme.
La direction de la marque italienne à l’emblème du taureau a eu le flair. Les 1 499 unités de ce fauve grimé en baroudeur sont déjà presque toutes attribuées. La Sterrato a pour mission de clôturer en beauté le chapitre Huracan. Sa remplaçante à moteur hybride rechargeable sera présentée en août prochain en Californie, dans le cadre du concours d’élégance de Pebble Beach.
La prochaine génération de sa supersportive apportera sa contribution au vaste plan de réduction d’empreinte environnementale que Lamborghini a engagé. En 2030, point de passage vers la neutralité carbone en 2050, la firme de Sant’Agata aura réduit de 80 % ses émissions de CO. Cette année verra également le lancement d’un Urus hybride rechargeable. Début 2026, ce sera au tour de la première Lamborghini électrique basée sur le concept Lanzador de l’an dernier de faire ses débuts dans le grand monde.
La Sterrato incarne d’une certaine manière l’ancien monde avec son V10 atmosphérique en position centrale arrière et partagé avec l’Audi R8. Sous le capot de cette sportive d’un genre nouveau, il se contente d’une puissance de 610 chevaux, alors que la dernière évolution en affiche 30 de plus. À l’usage, cela s’avère amplement suffisant. Les montées en régime explosives donnent toujours la chair de poule. La boîte de vitesses à double embrayage commandée depuis les palettes au volant répond du tac au tac aux injonctions du conducteur. On peut aussi la laisser opérer automatiquement, en ville notamment, où sa douceur fait merveille.
Mode Rallye
Comme c’est le cas au sein de toutes les marques de prestige, la Sterrato propose un vaste programme de personnalisation. Cela commence par la teinte vert kaki de notre voiture d’essai facturée 12 500 €. Le bon goût commandera de les coordonner à des sièges baquets drapés d’une suédine du même ton. Au total, notre véhicule comptait 70 000 € d’options en intégrant les sièges électriques (+ 2 448 €) et la finition carbone (+ 5 457 €).
De l’Huracan, la Sterrato a conservé sa planche de bord caractéristique avec la console centrale occupée par une armée de boutons basculeurs, l’écran multimédia et le bouton de mise à feu du V10. Elle ajoute un mode Rallye, un inclinomètre numérique avec indicateur de tangage et de roulis, une boussole, un indicateur de coordonnées géographiques et un indicateur d’angle de braquage. On ne sait pas si ces équipements seront d’un quelconque secours ; par contre, on se rend vite compte sur la route que, si elle survole les ralentisseurs, la Sterrato n’est pas rivée au sol comme ses sœurs. Les suspensions à plus grand débattement et plus souples ainsi que les pneumatiques Bridgestone dotés d’une structure spécifique et du système de roulage à plat assurent un confort presque semblable à celui d’une berline. Les mouvements de plongée et de cabrage sont plus accentués.
La Sterrato s’avère plus vivante que ses sœurs mais pas moins attachante. Si certains regretteront que les performances régressent, ils pourront se consoler avec une berlinette sportive qui passe là où les autres Huracan sont obligées de rebrousser chemin. En hors-piste, la Sterrato se découvre alors une âme de voiture de rallye.
Notre avis
Exercice isolé ou prélude d’une nouvelle race de supersportives? La Sterrato mériterait de donner naissance à une lignée de berlinettes douées de polyvalence. Cette facilité à se plier à des usages multiples compense largement la baisse des performances.
Fiche technique
Moteur: V10
Cylindrée: 5 204 cm3
Puissance: 610 ch à 8 000 tr/min
Couple: 560 Nm à 6 500 tr/min
Transmission: Intégrale, boîte auto. double embrayage à 7 rapports
Dimensions (L/l/h): 4 525 × 1 956 × 1 248 mm
Coffre: 100 litres
Poids: 1 470 kg à sec
Performances (0-100 km/): 3,4 secondes
Vitesse: 260 km/h
Consommation UE: 14,9 l/100 km
Émissions CO2: 337 g/km
Prix: 264 764 €