Dans la famille des Bugatti des années 1930, le type 57 est sans nul doute l’un des plus emblématiques. Il a donné naissance à une variété de versions à empattement long ou court – coupé ou découvrable – à moteur 8-cylindres en ligne, avec ou sans compresseur, depuis son lancement au salon de Paris de 1933. En dehors des exemplaires portant la signature de Jean Bugatti, l’un des fils d’Ettore qui avait repris les affaires en main, quasiment tous les grands carrossiers ont habillé le châssis 57.
Avec le châssis répertorié 57541, Vanden Plas a signé en 1937 un élégant cabriolet «Sports Tourer» à la demande de l’agent londonien de la marque, le Colonel Sorel. Ses formes sont dans la lignée des réalisations du carrossier et notamment de la Bentley Tourer 4 ¼ litre n° 3340 commandée par Malcolm Campbell. Resté un exemplaire unique, ce modèle surbaissé 57 S a passé presque un an à New York avant de revenir à Londres, où il fut exposé au salon en octobre 1938. Longtemps la propriété d’un certain Jack Robinson, la 57 S Sports Tourer change ensuite trois fois de mains. En 2016, le propriétaire actuel lui offre une restauration complète. Au terme de 2 000 heures, ce chef-d’œuvre d’élégance retrouve les spécifications d’origine qu’il avait au moment de son exportation aux États-Unis. La belle alsacienne est désormais prête à changer de mains, à condition d’y mettre le prix. La maison d’enchères qui la propose à sa vente d’Amelia Island en Floride, le jeudi 2 mars, l’a estimé entre 10 et 12 millions de dollars. La dernière 57 passée en vente publique, la version Atalante proposée par Artcurial lors du salon Rétromobile, n’a pas trouvé preneur. En Europe, les avant-guerres n’attirent plus les foules. Une question de génération.
