La vente RM Sotheby’s organisée dans le cadre du Grand Prix Historique de Monaco s’annonçait comme l’une des plus belles de l’année. Et pour cause. Le catalogue proposait une Ferrari 275 Spyder NART dont seulement dix exemplaires ont été produits à la fin des années 1960. Autant dire que ces voitures ne courent pas les rues. Toutes répertoriées, elles ne changent quasiment jamais de mains. L’annonce de la vente de l’une des dix devait à elle seule déplacer les foules et emballer la communauté des collectionneurs de Ferrari. C’était couru d’avance, ce Spyder allait flamber et l’estimation comprise entre 19 et 23 millions d’euros devait placer cette 275 décapotable au sommet de la hiérarchie des Ferrari de route les plus chères du monde. Las, le spyder NART n’a pas atteint son prix de réserve attestant de la nervosité du marché. C’est une autre Ferrari, une 340 America carrossée en barquette par Touring qui a empoché le titre de plus grosse enchère (7 280 000 €) et sauvé la vacation RM Sotheby’s. La maison anglo-saxonne a conclu sa vente sur un chiffre d’affaires de 27,5 millions d’euros. La barquette italienne (n° de châssis 0116/A) pouvait se prévaloir d’un fameux pedigree. Son premier propriétaire Pierre-Louis Dreyfus, gentleman driver émérite, prit deux années de suite le départ des 24 Heures du Mans (1951 et 1952) au volant de la Ferrari sous le pseudonyme «Heldé». En 1951, Louis Chiron était son équipier. Elle ne termina jamais les deux tours d’horloge français. Au milieu des années 1960, il entra dans la collection de Pierre Bardinon et dans les années 1970, elle prit la direction de l’Italie.
La deuxième plus grosse enchère réalisée à Monaco est détenue par une Porsche 911 GT1 Evolution de 1997 (2 772 000 €). Ce prototype grimé en GT remporta à trois reprises le championnat GT canadien et prit part aux 24 Heures de Daytona. Cette 911 GT1, qui n’a connu que deux propriétaires depuis sa sortie de l’usine, est le seul modèle de course de la lignée à être immatriculé pour la route.
Une autre Ferrari termine sur le podium de Monaco: une Ferrari 275 GTS de 1966 vendue 1 792 000 €. C’est sensiblement moins que les valeurs atteintes lors des dernières ventes. En Principauté, les Ferrari les plus récentes ont connu des fortunes diverses. Les Berlinetta Boxer, que ce soit des 365 GT4 ou des 512, sont restées sur le carreau. Les deux Peugeot de course à palmarès, la 205 Turbo 16 Evolution 1 et le prototype 908 HDI d’endurance châssis n°5 qui a terminé 2e du Mans 2008, n’ont pas eu plus de réussite et sont reparties chez le vendeur. Autre pièce de valeur, l’Alfa Romeo Giulia TZ1 de 1965 n’a pas atteint son prix de réserve. Par contre, on aura observé que la Porsche 911 Carrera 2,7 RS continue de tenir la cote. L’exemplaire proposé à Monaco a changé de propriétaire contre un chèque de 610 400 €. Les Lamborghini se sont aussi bien comportées. La Countach LP400 Série 1 de 1978 a été adjugée 504 000 € et la Diablo SE30 Jota 672 000 €.
Autre surprise: l’Austin-Healey 3000 Mk1 (châssis n° H-BN7/13708) qui a défendu les couleurs de la marque anglaise dans les épreuves routières durant la saison 1961 a flambé à 403 200 €. Cette Big Healey a permis à Peter Riley et à son coéquipier Tony Ambrose de remporter la catégorie GT au rallye de l’Acropole 1961 et de grimper sur la troisième marche du podium. Depuis 1965, cette Healey historique n’avait pas changé de mains, séjournant dans la même famille. Un pedigree qu’un amateur n’a pas hésité à acheter au prix fort. Dans moins de deux mois, la vente Artcurial organisée dans le cadre du Mans Classic nous permettra de savoir si le marché marque une pause ou s’il repart de l’avant.
